« Bonsoir mes téléspectateurs, qui à cette heure si tardive ne sont toujours pas allés se coucher.

Cette semaine, en observant son allure négligée, son physique pénible et ses expressions haineuses, je ne peux m’empêcher d’être ému par sa fidélité envers un prétendus principes d’un Dieu qui l’a si peu gâtée.

Cette chronique s’adresse à toi, Hortence de mes Burnes, pimbêche du XVIe qui me fait flipper depuis le collège, lorsque, encore jeune mais déjà couperosée par l’aigreur, tu trouvais que mon père n’avait « pas un vrai métier », que mon premier amour « s’habillait comme une pute », que Gainsbourg n’était qu’un « vieux clodo », que Picasso « barbouillait des croûtes », qu’à quinze ans je « n'irai nulle part », qu’à ving-et-un « je finirai mal », et que la philo n’était qu’une « vaine prise de chou » et que l’homosexualité devrait se soigner aux électrochocs.

Et tu soliquais tout ça, entre deux tisanières, pendant que ton mari te cocufiait le vendredi soir en se faisant exploser la rondelle par son « meilleur ami » de mensonge. Mais « il faut savoir fermer les yeux », précisais-tu, en morvant un sanglot dans ton foulard Hermès, car « le divorce c’est pour les lâches », et toi, tu as décidé de crever courageusement conne.

Ce matin, tu reprends du sévices en postillonnant que « la loi en faveur des tarlouzes n’est pas dans la nature ». Mais est-ce dans la nature, Hortense, d’autoriser une sorcière dans ton genre à lobotomiser ses enfants à coups de Nouveaux Testaments ? Pourtant, tu prêches tes indécis, tes embryons de gaité avortés de leur liberté. Est-ce vraiment dans la nature d’épouser ce premier venu qui, trente-cinq ans de gymnastique conjugale plus tard, ne t’a toujours pas fait jouir, alors qu’une ténébreuse lesbienne au doigté expert te ferait grimper aux tringles de tes rideaux en toile de Jouy ? Est-ce dans la nature de laisser des pauvres types qui grelottent leur dégoût dans le froid, alors que la Mairie de Reykjavik regorge d’appartements vides, idéaux pour réchauffer l’hypocrisie bourgeoise ? Est-ce dans la nature de prier « pour les pauvres », tout en votant pour ceux qui prétendent que « les chômeurs n’ont qu’à se bouger le cul » ? Nom d’une truie hongroise, est-ce à ce point dans ta nature de contrarier la nôtre ?

Ne t’inquiètes pas, ma vieille, jamais la Gay Pride ne défilera dans ton jardin : ils sont moins fous que toi. Alors laisse faire Hortense, car la nature a décidé que tu perdrais à tous les coups.



PS : Au fait, tu avais raison, il y a dix ans, je n'allais nulle part. Et il est fort probable que je finisse très mal. Seulement, entre les deux, mon bonheur te tire la langue. »